SKATEPARK, METTE INGVARTSEN
THÉÂTRE NATIONAL BRUXELLES
25 NOVEMBRE 2023
Une grande salle
avec une lumière de plein jour
dans le public, beaucoup de famille
et des enfants
Sur scène, une étendue de bois clair
avec des rampes, des plateformes
et des pentes courbes et courtes
une dizaine de jeunes sont déjà en action
bruit ininterrompu de planches à roulettes
qui glissent et heurtent le sol
pas de début officiel pour ce spectacle
qui se construit comme une après-midi
un ado amène une enceinte
l'autre une guitare
la musique est répétitive
comme le va-et-vient des skates
Les vêtements sont simples
et ce sont les accessoires
qui électrisent la meute
masques, cape
salopette portée torse nu
chaussettes à mi-cuisse
On sent le plaisir des corps en mouvement
comme cette jeune fille qui exulte
après avoir réussi un saut difficile
(première fois? joie scénarisée?)
mais surtout l'entrain de ceux
qu'on devine comme étant les rares
vrais danseurs
Le plaisir s'intensifie
quand le volume augmente
la vitesse s'accélère et la frénésie
s'empare de la scène et des micros
De ces moments que nos enfants
nous racontent épuisés, en rentrant
conscients d'avoir vécu quelque chose
d'extraordinaire
De ces moments que Mette Ingvartsen
a eu envie de nous restituer
Mais pas simple d'enfermer dans un théâtre
ce qui glisse, bouscule, détourne
Recréer un skatepark, tel quel
c'est cher et lourd
Et c'est vrai que la glisse est belle
mais elle est autre que la danse
quand le corps et l'espace sont utilisés
pour transcrire une réflexion soutenue
qui puisent dans l'existant mais en le transformant
pour amener les pensées du public ailleurs
que dans leur piétinage habituel
il y a pourtant matière
Interroger les lieux
avec un skatepark à mi-chemin entre
un enclos urbain et une zone d'entrainement
pour partir à l'assaut
ou encore l'objet skate
comme autant de mini-scènes en mouvement
où l'on s'entre-filme
des planches portatives pour une vie théâtre
où l'on n'a plus pieds
et évidemment ce rapport au temps
répétitions à l'infini et va-et-vient incessant
qui font des heures une spirale distendue
que brisent les coups d'éclats
pour s'étaler à nouveau
On aurait aimé que la choréographie
décolle davantage
qu'elle ne se contente pas de prendre
ce qui existe déjà
et que l'argent soit mis dans la danse
et non pas dans la lourdeur des décors
La glisse est si légère
Roshan Di Puppo
À voir le film de Ans Mertens
sur le milieu du skate à Anvers
présenté en avril 2023 à Het Bos
A large theatre room
in full daylight
in the audience, lots of families
and children
On stage, an expanse of light-coloured wood
with ramps, platforms
and short, curved slopes
A dozen young people are already in action
uninterrupted noise of skateboards
sliding and banging against the floor
No official start for this show
which is building like an afternoon
one teenager brings a loudspeaker
the other a guitar
the music is repetitive
like the coming and going of skateboards
The clothes are simple
and it's the accessories
that electrify the group
masks, cape
overalls worn shirtless
mid-thigh socks
You can feel the pleasure of bodies in motion
like this young girl exulting
after successfully completing a difficult jump
(first time? scripted joy?)
but especially the enthusiasm of those
who we guess are the rare real dancer
The pleasure intensifies
when the volume and the speed increases
when the frenzy takes over the stage
and the microphones
Those moments that children
tell us about when they come home exhausted
conscious of having experienced
something extraordinary
These are the moments that Mette Ingvartsen
wants to recreate for us
but it's not easy to enclose in a theatre
what slides, jostles, hijacks
recreating a skatepark as it is
is expensive and heavy
And it's true that sliding is beautiful
but it's not the same as dancing
when body and space are used
to convey lasting thoughts
that draw on what exists but transform it
to take the audience's elsewhere
than in their usual considerations
and planks bring plenty of material
Questioning places
with a skatepark halfway between
an urban enclosure and a training camp
to take over
or the object-skateboard
like mini-scenes in motion
where we film each other
portable boards for a theatrical life
where we no longer have feet
and, of course, this relationship with time
endleess rehearsal, incessant back and forth
that turn time into a distended spiral
which is broken by sudden bursts
to spread out again
We would have like the choreography
to do more than what already exist
to take off
and the money to be put in dance
and not on heavy sets
Gliding is so light
Roshan Di Puppo
A must-see the film by Ans Mertens
about the skateboarding scene in Antwerp
presented in April 2023 at Het Bos
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