PLUGS, PORES, WALLS AND LURES
DORIS BOERMAN
SAINT-MARTIN BOOKSHOP
BRUSSELS, MARCH 30 - APRIL 20
Cela fait quelques semaines
que j'ai vu cette expo
L’image qui me revient
est celle de murs
aux pores apparents
Une pléiade de trous
remplis avec une pâte
dont la couleur se rapproche
mais n’est pas tout à fait la même
que le blanc du mur
Comme un correcteur fond de teint
renforçant les irrégularités de la peau
au lieu de les camoufler
Et il y a beaucoup d'aspérités
dans ces murs du deuxième étage
Paroi adolescente?
Vestiges d’acné?
De ces pores dilatés
jaillissent à intervalles irréguliers
des mèches placées
dans des chevilles (plugs)
enfoncées dans le mur
Mouvement entrant et sortant
Le poil qui pousse
contraint de réintégrer des orifices
après avoir été transformé, teint, travaillé,
tressé, canalisé et accessoirisé
Chaque mini-couette est unique
reflet d’une collection réfléchie
de chevilles à vis, d'extensions
de mèches et de barrettes
Éclatement un peu misérable
de ces touffes
la mèche comme un îlot dérisoire
d’auto-expression
subissant des modes fluctuantes
Des îlots qu’on prend pourtant
plaisir à détailler
comme quand le regard
s'attarde sur le détail d'une coiffure
d'un ongle ou d'un maquillage
Ce que Doris Boerman
appelle "Self-design as Sculpture"
du titre de sa publication
On renoue aussi avec un vocabulaire spécialisé
beignet à chignon (hair donuts)
du même blond platine que
des extensions coupe soleil
dont émergent quelques cheveux
brulés par la teinture
coloration jaune paille à la racine caramel brulée
beaucoup de chouchous, de mini barrettes,
de boucles d’oreilles solitaires en plastique à strass
Par contre pas de généreuses crinières
les mèches sont fines
comme si les teintures successives
les coups de peigne appuyés
et les shampoings chimiques
avaient amoindri leurs protéines fibreuses
pliant maintenant sous les accessoires
Rien et pourtant tout à voir avec
une autre œuvre de Doris Boerman
"Lindy, Lindsy, Britney, Beverley", 2012
présentée actuellement à Liège
à la Biennale de l'Image Possible
Une installation que je n'ai vu qu'en photo
où quatre cadres aux dimensions de portes
accueillent sur toute leur hauteur
de splendides chevelures rideaux
synthétiques de blond, brun
noir et auburn
Le titre de cette oeuvre
comme le côté bon marché
des accessoires utilisés
m'évoque de façon incommodante
une réalité de classe en partie racialisée
C'est intéressant mais
je me demande si je ne préfère pas
les titres plus récents
Grey nylon universal wall plug S5, brown
PVC tape, dark blond curly hair, stud earring
with salmon coloured imitation
diamond, 5 x 2.5 x 1 cm
Deliciously queer
Roshan Di Puppo
It's been a few weeks
since I saw this exhibition
The image that comes back
to my mind
is that of walls
with visible pores
A plethora of holes
filled with a mixture
whose color is similar
but not quite the same
as the white of the paint
Like a foundation
reinforcing skin irregularities
rather than camouflaging them
And there are plenty of spots
in these second-floor walls
Teenage murals?
Vestiges of acne?
At irregular intervals
embedded plugs
emerge from these dilated pores
An in and out movement
like if the growing hairs
were forced back into orifices
after being transformed, dyed
braided, channeled and accessorized
Each mini quilt is unique
and bear witness of a thoughtful collection
of screw plugs, extensions
highlights and barrettes
These slightly miserable tufts
pop up as derisory
islands of indulgence
subject to fluctuating fashions
Islets that we nevertheless
take pleasure in detailing
as when the eye
lingers on the detail of a hairstyle
nails or make-up
What Doris Boerman
calls “Self-design as Sculpture"
from the title of her publication
We also remember a specialized vocabulary
hair donuts of the same platinum-blond
than the extensions
from which emerge straw-yellow hairs
with burnt caramel roots
lots of scrunchies, mini barrettes
and single plastic strass earrings
No generous mane here
only narrow locks
as if successive dyes
strong combing strokes
and chemical shampoos
had weakened the fibrous proteins
now bending under the accessories
Nothing and yet everything to do with
another work by Doris Boerman
“Lindy, Lindsy, Britney, Beverley”, 2012
currently on show in Liège
at the Biennale de l'Image Possible
An installation I've only seen in photographs
where four door-sized frames
are filled to their full height
by splendid synthetic hair curtains
in four colours
blond, brown, black and auburn
The title of this work
like the cheapness of the accessories used
by the artist
uncomfortably evokes for me
a partly racialized class reality
It's interesting, but
I wonder if I don't prefer
more recent titles
Grey nylon universal wall plug S5, brown
PVC tape, dark blond curly hair, stud earring
with salmon coloured imitation
diamond, 5 x 2.5 x 1 cm
Deliciously queer
Roshan Di Puppo
Comentarios